Hesperian Health Guides

Santé mentale

Dans ce chapitre :

Les causes des problèmes de santé mentale

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Une femme doit être capable de faire face à des changements soudains et forcés pour pouvoir aider sa famille à survivre.

Les femmes réfugiées ou déplacées se retrouvent face aux difficultés suivantes, qui peuvent affecter leur santé mentale. Les problèmes de santé mentale, causés ou aggravés par ces situations catastrophiques, peuvent prendre la forme, entre autres, d’une tristesse extrême ou d’une absence totale d’émotions (dépression), d’une nervosité ou d’une angoisse permanente (anxiété), ou d’une incapacité à se remettre des choses horribles qu’on a vécues, et à aller de l’avant (réactions de traumatismes profonds).

  • Perdre sa maison. Devoir quitter la maison, qui est le seul endroit où la femme a une certaine autorité, peut être très douloureux pour celles qui fuient.
  • Perdre le soutien familial et communautaire. La femme étant généralement chargée du bien-être de la famille, c’est à elle qu’il revient d’assurer la sécurité des enfants et de soutenir son partenaire et ses parents. Si le partenaire et les fils plus âgés sont morts à la guerre ou ont rejoint les forces armées, elle doit aussi devenir cheffe de famille. Face à toutes ces responsabilités, la femme peut se sentir effrayée et seule, même si elle a d’autres adultes de la famille auprès d’elle. Souvent, ceux-ci ne sont plus capables non plus de lui offrir l’appui qui la soutenait dans le passé.
  • Avoir assisté à des violences, ou les avoir subies.
  • Perdre son indépendance et un travail intéressant. Bien que la femme ait toujours la tâche importante de s’occuper de sa famille, sa vie est plus limitée, sur d’autres plans. Par exemple, avant le départ, elle s’occupait peut-être de cultiver, de tisser, de coudre et de faire du pain. Si ces tâches lui sont enlevées, elle peut se sentir inutile et triste.
  • Vivre entassés les uns sur les autres. Quand il n’y a pas assez d’espace, il est beaucoup plus difficile pour une femme de faire face au stress supplémentaire que représente le soin de sa famille.
  • Ne pas pouvoir exprimer son deuil. Très souvent, les femmes réfugiées et déplacées ont perdu des membres de leur famille avant d'atteindre leur nouveau lieu d'habitation. Mais elles n'ont évidemment pas pu arranger de cérémonies traditionnelles d'enterrement ou de deuil. Or, ces cérémonies, importantes pour l'expression de la tristesse et l'acceptation de la mort de la personne aimée, sont souvent exécutées sous la responsabilité des femmes. Et dans le lieu de refuge, il ne leur est pas forcément possible de les pratiquer.

Signes de problèmes de santé mentale

Pour en savoir plus sur les marques extérieures de la souffrance mentale, comme la dépression, l’anxiété, et les réactions profondes aux traumatismes, voir le chapitre « Santé mentale ».

Renforcer la santé mentale

La meilleure façon de surmonter soi-même ou d'aider d’autres à surmonter les troubles psychologiques et d'éviter qu'ils ne s'aggravent, est de parler avec d'autres femmes, de leurs sentiments, de leurs préoccupations, et de leurs problèmes. Voyez si vous pouvez appliquer les suggestions suivantes pour encourager les femmes que vous connaissez à s'écouter et à se soutenir l'une l'autre :

  • Préparer des projets qui permettent aux femmes de passer du temps ensemble, comme des cours de nutrition ou d’alphabétisation, des garderies d’enfant, ou des activités religieuses. Assurez-vous d’y faire participer les femmes qui semblent avoir peur ou ne pas vouloir s’impliquer. Souvent, ce sont elles qui ont le plus besoin de de parler avec d’autres et de s’engager.
trois femmes travaillent à un jardin potager près d’une maison
Un groupe de réfugiées du Guatemala, qui avaient beaucoup souffert de la perte de leurs terres, se sont organisées pour planter des légumes et des fleurs. Grâce à cela, elles se sont senties plus près de la terre, ont eu l’impression de faire à nouveau partie d’une communauté, et ont été capables d’apporter plus de nourriture à leurs familles.
  • Organiser un groupe de soutien.
  • Voir avec d’autres femmes si vous pouvez trouver un moyen d’exprimer votre deuil. Vous pourrez peut-être adapter certains de vos rituels de deuil en fonction de votre nouvelle situation. Si c’est impossible, prévoyez au moins un moment pour exprimer votre deuil en tant que groupe.
  • Devenir une aide psychologique. Vous pouvez réunir un groupe d’amies pour parler aux femmes qui ont une souffrance mentale mais ne demandent pas d’aide. Voyez s’il existe dans votre nouvelle communauté des soignants spécialisés en santé mentale, ou des religieux formés à faire de l’accompagnement psychologique, qui pourraient aussi aider les femmes qui en ont besoin.



Cette page a été mise à jour : 13 juin 2019