Hesperian Health Guides

Causes du manque de santé chez les femmes

Dans ce chapitre :

Il n’est pas difficile de trouver les causes directes de la plupart des problèmes de santé des femmes. Par exemple, on peut dire que les IST proviennent de différents microbes, qu'une mauvaise nutrition résulte d'une alimentation inadéquate en qualité et en quantité, et que les difficultés liées à la grossesse sont souvent dues à un manque de soins prénatals (soins donnés à la mère avant la naissance). Mais derrière ces causes directes, se cachent deux causes de base — la pauvreté et le statut inférieur des femmes — qui expliquent un grand nombre de leurs problèmes de santé.

La pauvreté

Mondialement, deux femmes sur trois sont pauvres. Non seulement les femmes ont bien plus tendance que les hommes à être pauvres, mais elles se trouvent aussi généralement parmi les plus pauvres des pauvres. Mondialement, deux femmes sur trois sont pauvres. Non seulement les femmes tendent nettement à être plus pauvres que les hommes, mais elles se trouvent aussi parmi les plus pauvres des pauvres, dans l’ensemble. Des millions de femmes sont prises dans un cycle de pauvreté qui commence avant même leur naissance. Les bébés nés de femmes qui n'ont pas eu assez à manger pendant la grossesse sont généralement petits à la naissance, et se développent lentement. Dans les familles pauvres, les filles mangent moins souvent à leur faim que leurs frères, et montrent un retard de croissance supplémentaire. Les filles sont souvent peu ou pas scolarisées, de sorte que plus tard, elles doivent occuper des emplois non qualifiés et recevoir un salaire inférieur à celui des hommes (même quand elles font le même type de travail). À la maison, leur travail quotidien n'est pas payé. Ainsi, l'épuisement, une mauvaise alimentation et l'absence de soins de qualité pendant la grossesse posent tous une sérieuse menacent à la santé de la femme et de ses enfants.

une femme pauvre assise devant son logement


La pauvreté l'oblige à vivre dans des conditions qui peuvent causer de nombreux problèmes de santé physique et mentale. Souvent, par exemple, les femmes pauvres :

  • vivent dans des logements qui sont en très mauvais état, souvent sans assainissement ni eau propre ;
  • ne peuvent pas se procurer d’aliments variés et en quantité suffisante et doivent passer un temps et une énergie précieuse à obtenir des aliments qu'elles peuvent se permettre d’acheter ;
  • sont tellement occupées à lutter pour survivre qu'elles ont rarement le temps ou l'énergie de répondre à leurs propres besoins, de planifier un meilleur avenir ou d'apprendre de nouvelles compétences ;
  • sont perçues comme étant responsables de leur pauvreté, et, de ce fait, se sentent moins importantes que celles qui ont plus d'argent.


La pauvreté force souvent les femmes à avoir des relations dans lesquelles elles doivent compter sur les hommes pour survivre. Si une femme dépend d'un homme pour subvenir à ses besoins, ou à ceux de ses enfants, elle risque d’avoir à faire des choses dangereuses pour le satisfaire. Par exemple, elle peut le laisser devenir violent ou avoir des rapports sexuels non protégés, parce qu'elle craint de perdre son soutien économique.

Le statut inférieur de la femme

une femme à l’air triste se tient à l’écart pendant que d’autres la montrent du doigt

Le statut est l'importance qu'on donne à une personne dans la famille et dans la communauté. Le statut de la femme influence la façon dont elle est traitée, la valeur qu'elle se donne à elle-même, les sortes d'activités qu'elle a le droit de faire, et les types de décisions qu'on lui permet de prendre. Dans la plupart des communautés du monde, les femmes ont un statut inférieur à celui des hommes. Ce statut inférieur mène à la discrimination, c'est-à-dire au fait d'être traitée défavorablement ou de se voir refuser quelque chose simplement parce qu'on est une femme. La discrimination peut prendre des formes diverses selon les communautés, mais elle affecte toujours la santé.

La préférence pour les garçons. Beaucoup de familles accordent plus de valeur aux garçons qu'aux filles parce qu'en principe, les garçons contribuent plus à la richesse de la famille, soutiennent leurs parents dans leur vieillesse, organisent des cérémonies après leur mort, et conservent le nom de la famille. C'est pourquoi les filles sont souvent allaitées moins longtemps, reçoivent moins de nourriture et de soins médicaux, et peu ou pas d’éducation.

Étant donné qu’une grande partie du travail des femmes n'est pas reconnue, beaucoup d’entre elles ne bénéficient d’aucune protection par la loi sur le lieu de travail.

L’absence de droits devant la loi, ou de pouvoir de décision. Dans beaucoup de communautés, la femme ne peut pas posséder ou hériter de biens, gagner de l'argent ou obtenir du crédit. Si elle divorce, elle peut ne pas être autorisée à garder ses enfants ou ce qu’elle possède. Même si la femme a une protection juridique (des droits devant la loi), les traditions de sa communauté peuvent l'empêcher de bien gérer sa vie et ses affaires. Il est très fréquent que la femme n'ait aucun pouvoir de décision sur la façon dont l'argent de la famille est dépensé, ou sur le moment où elle doit se faire soigner. Elle ne peut pas voyager ou participer aux décisions communautaires sans la permission de son mari.

Quand les femmes se voient refuser à peu près tout pouvoir, elles dépendent des hommes pour survivre. Il leur est difficile ou impossible d'exiger des conditions qui lui permettent, à elle ou à ses enfants, d’être en bonne santé comme le planning familial, des rapports sexuels protégés, une alimentation suffisante, des soins de santé, et l'absence de violence.

Les femmes représentent la moitié de la population mondiale, mais elles travaillent deux heures sur toutes les 3 heures travaillées dans le monde, ne reçoivent qu'un dixième du revenu mondial, et ne possèdent qu'un centième de la propriété mondiale.

Trop d’enfants, ou des naissances trop rapprochées. La discrimination des femmes peut aussi les pousser à tomber souvent enceintes. Ceci parce qu'avoir des enfants est parfois le seul moyen pour une femme d'améliorer son statut ou celui de son compagnon.

En raison de tous ces facteurs, les femmes sont en moins bonne santé et reçoivent moins de soins médicaux que les hommes. De plus, elles ont tendance à accepter leur statut inférieur, car on leur a appris dès l'enfance à se dévaloriser par rapport aux hommes. Elles peuvent se dire que le manque de santé fait partie de leur destin normal, et n'essayer d'obtenir une assistance que dans les cas où leurs problèmes médicaux sont très graves ou mettent leur vie en danger.

Le système médical ne répond pas aux besoins de la femme

À cause de la pauvreté et de la discrimination subie dans la famille et la communauté,les femmes ont donc plus de problèmes de santé, mais aussi moins de possibilités de se faire soigner correctement. Les politiques gouvernementales et l’état de l'économie mondiale peuvent encore aggraver la situation.

Dans les pays pauvres, très nombreux sont les gens qui n'ont accès à aucun service de soins (l'encadré ci-dessous explique l'une des raisons pour lesquelles ce problème s'est aggravé ces dernières années).

Et à cause de la discrimination des femmes, le peu de ressources que possède le gouvernement ne sert généralement pas à répondre à leurs besoins. Ainsi, mêmes les femmes qui sont capables de les payer ne reçoivent pas toujours des soins adéquats. Elles ont accès à certains services — planning familial ou soins de maternitépar exemple — mais pour répondre à tous leurs besoins, elles seraient obligées d'aller à la capitale, ou même à l'étranger.

Dans beaucoup de pays, on considère que les techniques de soins consacrées aux femmes sont « spéciales ». Il en résulte qu’elles ne sont soignées que par des médecins. Pourtant, beaucoup de ces services pourraient être fournis à moindre coût par des agents de santé communautaires ayant reçu une formation appropriée.


Cette page a été mise à jour : 05 janv. 2024