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Chapitre 22 : Aider une femme après une interruption de grossesse
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La plupart des fausses couches ne causent pas de problèmes, mais il en arrive parfois. La plupart des interruptions de grossesse réalisées par des gens qui sont expérimentés et qualifiés, avec des instruments stérilisés ou avec des médicaments appropriés, sont sans risques. Mais beaucoup d'interruptions de grossesse se font dans des conditions très risquées.
Sommaire
Problèmes résultant d’une interruption de grossesse
Une femme peut avoir de graves problèmes de santé quand une grossesse se termine avant la naissance. Une partie des produits de la grossesse peut rester dans l’utérus. La femme peut avoir une infection ou de fortes pertes de sang. Sans soins, elle risque de mourir. Ce chapitre explique comment :
- surveiller les signes d’alerte ; et
- donner des soins d’urgence à une femme qui a des problèmes suite à l’interruption d’une grossesse.
Obtenir des soins après une interruption de grossesse
Les femmes qui ont des saignements ou des infections après une fausse couche ou un avortement, ont besoin d’une assistance médicale rapide. Mais très souvent, elles ne l’obtiennent pas. Parfois, l’argent manque pour payer les soins. Pour les femmes qui vivent dans des villages isolés, aller à l’hôpital de la ville peut être trop long, trop effrayant, ou trop cher. Beaucoup de femmes, surtout les femmes non mariées, pensent qu’elles doivent cacher leur grossesse à cause de certaines attitudes vis-à-vis des rapports sexuels, du planning familial, ou de l’avortement. La peur, le manque d’argent, et l’éloignement des centres médicaux ne devraient plus être des causes de la souffrance des femmes – mais très souvent, c’est bien ce qui se passe.
Les sages-femmes peuvent aider à sauver la vie de beaucoup de femmes, parce que ce sont généralement les soignantes les plus proches de la communauté, celles en qui les gens ont le plus confiance. Quand une femme malade ou blessée sait qu’il y a quelqu’un de bienveillant et de qualifié pas trop loin, et qui ne demande pas beaucoup d’argent pour ses services, elle sait aussi que c’est là qu’elle a le plus de chances de recevoir les soins qui vont l’empêcher de mourir.
Prendre la décision d’assister les femmes à la suite d’un avortement mal fait
Certaines sages-femmes ont peur de soigner les femmes qui ont eu un avortement à risque. Elles pensent qu’elles seront accusées d’avoir causé l’avortement. Mais même dans les pays où l’avortement est illégal, il est légal de sauver la vie des femmes qui souffrent des conséquences d’un avortement mal fait.
Certaines sages-femmes ne veulent pas soigner les femmes des suites d’un avortement à risque, parce qu’elles jugent que l’avortement est une mauvaise action. Mais de prendre en charge une femme qui est en danger après s’être mal fait avorter est autre chose que de pratiquer un avortement. Dans certains cas, les femmes risquent de mourir si on ne les soigne pas après un avortement à risque. Quand une femme tombe malade, quelle que soit la raison, les sages-femmes doivent l’aider.
Soutien affectif après une interruption de grossesse
Très souvent, les femmes qui ont eu une fausse couche ou un avortement, ont peur, sont tristes ou sont bouleversées – surtout celles qui ont eu des problèmes de santé à la suite de la fausse couche ou de l’avortement. Cette douleur de l’esprit est aussi importante que la douleur du corps. Vous pouvez soulager un peu la douleur affective avant, pendant, et après la prise en charge de des problèmes médicaux.
Quand une femme fait une fausse couche, elle est souvent très déçue que sa grossesse soit interrompue. Elle peut se sentir coupable – et croire injustement que c’est sa propre faute. Vous trouverez plus d’informations sur les causes des fausses couches et sur les soins et le soutien aux femmes qui ont fait une fausse couche.
En général, si une femme qui a de graves problèmes de santé après un avortement, c’est qu’elle a reçu de mauvais soins. Il se peut que la personne qui a pratiqué l’avortement dangereux ait aussi été impolie ou méchante. L’avortement a peut-être été très douloureux ou très effrayant. Là où l’avortement est illégal, la femme peut aussi avoir peur d’être punie. Vous devriez donner une attention spéciale à ces femmes.
Les sages-femmes peuvent aider les femmes qui ont une souffrance affective
Informez-la
- Expliquez à la femme la cause de sa maladie ou du saignement.
- Expliquez ce que vous êtes en train de faire pour la soulager.
- Si elle ne veut pas tomber enceinte de nouveau, aidez-la à choisir la méthode de planning familial qui lui convient.
Écoutez-la et apportez-lui votre soutien
- Demandez-lui si elle veut parler de ce qu’elle ressent. Elle peut ne rien vous dire si vous ne lui posez pas la question.
- Écoutez-la si elle veut parler ou pleurer
- Rassurez-la comme vous rassureriez quelqu’un que vous aimez.
Ne reprochez pas à la femme d’être malade
Certaines personnes croient que les femmes tombent malades parce qu’elles le méritent. Par exemple, certaines sages-femmes pensent que les femmes qui font de fausses couches perdent leur bébé parce qu’elles sont mauvaises. D’autres pensent que les femmes qui tombent malades après un avortement sont punies justement parce qu’elles ont interrompu leur grossesse. La vérité est que personne ne mérite de tomber malade, et que toute personne mérite d’être soignée quand elle tombe malade.
Reprocher aux femmes ne les aide pas à guérir.
Soins après une interruption de grossesse
Contrôlez les signes physiques de la femme – comme la température, le pouls, et la quantité du saignement. Tous ces signes vous indiqueront quel traitement médical lui donner.
- légères douleurs ou crampes au bas ventre pendant quelques jours.
- léger saignement (jusqu’à la quantité des règles normales) pendant plusieurs jours, ou très léger spotting pendant 2 semaines ou moins.
- très fortes crampes dans le bas-ventre.
- bas-ventre gonflé ou dur.
- saignement abondant, gros caillots de sang, ou saignement pendant plus de 2 semaines.
- mauvaise odeur venant du vagin.
- température élevée, 38°C (100,4°F) ou plus.
- battements de coeur rapides, plus de 100 battements par minute.
- très fortes nausées.
- sensation de faiblesse, ou vertiges.
Vous devriez aussi lui poser des questions sur cette grossesse.
Essayez de savoir depuis combien de temps elle est enceinte. Une femme dont la fausse couche ou l’avortement s’est passée au début de sa grossesse, est plus facile à assister qu’une femme dont la fausse couche ou l’avortement est arrivé plus tard. Si la femme était enceinte depuis plus de 3 mois et qu’elle a des problèmes en ce moment, cherchez une assistance médicale.
Demandez-lui comment s’est passée l’interruption de sa grossesse. Si une femme a une fausse couche, ou si son avortement a été pratiqué par un soignant formé qui a utilisé des instruments stérilisés, elle a moins de risques d’avoir une infection ou une lésion graves qu’une femme dont l’avortement a été pratiqué par quelqu’un qui a utilisé des instruments dangereux. Par exemple, si la femme vous dit que la personne a utilisé un fil de fer pointu pour réaliser l’avortement, vous devriez chercher des signes de blessures internes.
Le reste de ce chapitre explique comment assister une femme qui a des problèmes de santé à la suite d’une fausse couche ou d’un avortement.
Expliquez aux femmes comment elles doivent s’occuper d’elles-mêmes
Une femme doit bien prendre soin d’elle-même pendant quelques jours après sa fausse couche ou son avortement. Cela lui permettra d’éviter une infection, et de guérir plus vite. Les femmes doivent :
- boire beaucoup d’eau et manger des aliments nutritifs.
- se reposer souvent
- éviter les travaux pénibles pendant une semaine ;
- se laver régulièrement, mais elles ne doivent pas se doucher ni s’asseoir dans une baignoire ou une cuvette pendant plusieurs jours, jusqu’à ce que les saignements se soient arrêtés ;
- utiliser des serviettes ou des tampons propres pour absorber le sang, et en changer souvent.
Les femmes doivent aussi ne rien introduire dans leur vagin, et ne doivent pas avoir de rapports sexuels pendant au moins deux semaines, et seulement après que plusieurs jours se soient passés après l’arrêt des saignements.