Hesperian Health Guides

Agir pour que ça change

Dans ce chapitre :

Négocier l’utilisation de la capote

Pour que plus d’hommes adoptent la capote, ils doivent comprendre que la prévention des IST, y compris le VIH, est dans leur propre intérêt, et celui de leurs partenaires sexuels. La façon la plus efficace de sensibiliser les hommes passe par la communauté.

Vous pouvez y contribuer en vous unissant à d’autres travailleuses du sexe, pour arriver à ce que l’utilisation de la capote soit la pratique normale et attendue. Les clients commenceront alors à vouloir porter des préservatifs.

Grâce à des jeux de rôle, entraînez-vous à négocier l’usage de la capote ; demandez à des collègues de s’entraîner avec vous.

une femme montre un préservatif à un homme qui l’entoure de son bras

Quand vous êtes avec les clients, l’attitude que vous adoptez est importante. Si vous croyez en vous-même et savez bien de quoi vous parlez, il sera plus facile de convaincre un homme qu’utiliser la capote est logique et sain. Voici quelques idées :

  • Expliquez que la capote:
– le protège, et vous protège, des maladies.
– peut l’empêcher de passer une IST à sa femme.
– fait durer son plaisir plus longtemps .
  • Assurez-lui que vous vous chargez de lui donner du plaisir même avec la capote.
  • Si vous offrez des fellations (sexe oral), apprenez à mettre la capote avec la bouche
Une travailleuse du sexe à Douala, au Cameroun, explique comment ses collègues et elle se protègent des IST :
Dans la discothèque où je travaille, nous comprenons bien les risques que représentent le VIH et du sida pour notre santé et pour notre vie, alors toutes les filles reçoivent des capotes. On fait comprendre aux clients qu’il est de leur propre intérêt de se protéger. La plupart des clients sont d’accord, maintenant. On s’assure qu’ils aient beaucoup de plaisir, comme ça ils reviendront.


Mais il y a toujours des hommes qui pensent qu’en ne mettant pas la capote, ils montrent qu’ils sont de « vrais hommes ». Que d’y aller “en direct”, il n’y a que ça de vrai ! On découvre presque chaque fois qu’après qu’un type a été demander sans succès à 4 ou 5 d’entre nous de faire ça sans protection, soit il part, soit il accepte pour voir s’il peut avoir autant de plaisir en portant une capote. S’il insiste pour ne pas en lettre, on se met toutes ensemble et on le met dehors!

Nous n’aimons pas perdre des clients, mais nous nous rendons compte de la valeur de notre santé, et de notre vie. Les choses changent, lentement. Là où nous travaillons, utiliser la capote est devenu la chose intelligente à faire.

quatre femmes qui pensent à ce qu’elles voudraient avoir
UN REVENU DÉCENT
DE LA NOURRITURE + UN LOGEMENT
ÊTRE À L’ABRI DE LA VIOLENCE
UNE PROTECTION CONTRE LES IST + VIH
Les travailleuses du sexe s’organisent pour avoir une vie meilleure. Elles veulent les mêmes choses que les autres femmes.

L’organisation fait la force

“Avant, je travaillais dans une boîte de nuit où on n’utilisait pas toujours les capotes. Même, on nous forçait presque à ne PAS nous en servir. Alors je suis partie. Maintenant je suis dans une maison où c’est la RÈGLE, tous les clients en portent. Ça me soulage tellement : plus de peur, plus de discussions”. —Anita

À cause de leur statut inférieur en tant que femmes pauvres et travailleuses du sexe, il arrive souvent que les femmes qui vendent du sexe pensent qu’elles n’ont pas de valeur et se sentent incapables de changer leur vie. Quand elles travaillent seules, les prostituées peuvent avoir énormément de mal à faire accepter la capote, ou à se protéger de la violence.

Mais dans beaucoup d’endroits, les travailleuses du sexe ont appris qu’en se mettant ensemble, elles avaient plus de pouvoir pour changer les choses et améliorer leur vie. Dans certains cas, elles se sont organisées pour améliorer leurs conditions de travail, par exemple en insistant pour que leurs clients mettent des capotes, ou en se protégeant des mauvais traitements aux mains de la police. Dans d’autres cas, avec l’aide de membres de la communauté, elles ont créé des programmes d’apprentissage de nouvelles qualifications, pour pouvoir dépendre moins du travail sexuel.

Voici quelques idées qu’ont partagées des travailleuses du sexe du monde entier sur ce qu’on peut faire en se mettant ensemble, ou en s’organisant avec d’autres, pour améliorer ses conditions de vie.

S’apprendre les unes les autres à se protéger des risques. Vous pouvez former un groupe pour parler de :

  • comment se servir des capotes pour empêcher les IST, y compris le VIH, et comment obtenir des traitements pour les IST au besoin.
  • méthodes de planning familial, comment les obtenir, comment s’en servir.
  • comment choisir un client, et éviter les situations dangereuses.

comment s’entraider pour faire face aux exigences inacceptables d’un client.

  • comment réduire le temps qu’on doit passer avec les clients.

S’organiser face à la violence. Il est important de s’unir et de se soutenir mutuellement pour diminuer les risques de violence aux mains des clients, de la police, et des maquereaux. Associez-vous à des collègues pour prévoir des façons de s’entraider et de se protéger mutuellement.

une femme aide une autre femme qui apprend à écrire

Acquérir de nouvelles qualifications. Vous pouvez organiser des programmes pour apprendre à lire et à écrire, ou un métier. Parfois ce sont les travailleuses du sexe qui apprennent de nouvelles aptitudes à d’autres, et il est parfois possible d’obtenir l’aide de membres de la communauté qui pourront enseigner.

une femme parle en coiffant les cheveux d’une autre
Je lui ai dit: “Pas de capote, pas de sexe”, et maintenant que je gagne un peu d’argent en coiffant, je peux dire “non” et quand même payer mes factures.

Quand une travailleuse du sexe a d’autres qualifications, elle peut se faire de l’argent en faisant d’autres travaux. Elle a ainsi plus de liberté pour choisir parmi les clients, ou en refuser un si elle ne se sent pas tranquille.

Créer un fonds de prêts. Un groupe de travailleuses du sexe à Nairobi, au Kenya, ont mis ensemble leur argent afin de créer un fonds de prêts pour leurs membres. Beaucoup d’entre elles s’en servent pour payer les frais scolaires de leurs enfants. D’autres groupes ont utilisé ce type de prêts pour s’aider mutuellement à fonder des petits commerces qui leur permettent de gagner de l’argent autrement que par le travail sexuel.

Beaucoup d’associations de travailleuses du sexe essaient de changer l’image négative que les gens ont d’elles. Par exemple, une organisation de travailleuses du sexe à Calabar, au Nigéria, interdit à ses membres de se battre dans la rue ou dans les bordels, de porter des vêtements ou d’employer un langage qui dérangent la communauté. En changeant les choses qu’il est facile de leur reprocher, elles espèrent que les gens commenceront à comprendre que les travailleuses du sexe sont simplement des femmes qui font un métier afin de survivre.

La communauté peut participer

un homme et deux travailleuses du sexe se tiennent à côté d’un panneau qui dit :  "préservatifs obligatoires pour votre sécurité et la nôtre"

Les membres de la communauté peuvent aider les travailleuses du sexe à s’organiser pour obtenir plus de sécurité dans leurs conditions de travail. Vous pouvez :

  • réclamer des lois qui punissent ceux qui exploitent les travailleuses du sexe : les propriétaires de bordels, les maquereaux et les intermédiaires, la police, les clients, et les vendeurs de drogue.
  • faire pression sur la police pour qu’elle arrête de brutaliser les travailleuses du sexe.
  • travailler pour l’adoption de lois qui favorisent l’usage de préservatifs par les clients. Par exemple, en Thaïlande, le ministère de la Santé rend obligatoire l’utilisation de préservatifs dans le commerce sexuel. Si les travailleuses désobéissent à cette loi, le bordel pour lequel elles travaillent doit fermer, ou payer une amende. Grâce à la Ioi, les travailleuses du sexe ont pu insister sur le port de la capote. Et ainsi, elles-mêmes, les hommes qui les paient, ainsi que leurs femmes, sont protégées.

Vous pouvez aussi contribuer à empêcher que des enfants soient vendus ou forcés à se prostituer :

  • parlez aux parents de votre communauté des risques qu’il y a à vendre leur fille pour qu’elle aille travailler dans un autre pays.
  • offrez une aide, sous forme de travail, de conseils, ou de logement, aux enfants qui ont quitté leur famille. Avec votre aide, ils ne seront pas obligés de vendre du sexe pour survivre.