Hesperian Health Guides

Les hommes qui travaillent à l’égalité des genres

Dans ce chapitre :

Les femmes ont été et continueront d’être le moteur de l'égalité entre les genres. Il est difficile pour certains hommes d'accepter l'idée de partager le pouvoir et les privilèges avec les femmes de manière égale. Beaucoup d'hommes résistent à tout changement qui donne aux femmes plus de pouvoir de décision sur leur propre vie. Mais de plus en plus d'hommes acceptent et soutiennent les changements qui élèvent le statut des femmes, parce qu’ils comprennent que l'égalité des genres améliore la qualité de vie de tous.

Les hommes sont souvent motivés à travailler pour l’égalité des genres parce qu'ils voient là une autre injustice contre laquelle lutter, comme les inégalités dans le contrôle de la terre et des ressources, dans l'accès à l'éducation et aux soins de santé, et l’exposition à la violence.

Des activités comme Un jour de la vie et Les boîtes des genrespeuvent aider les hommes à comprendre les difficultés que les femmes rencontrent à cause de leur statut inférieur, et à vouloir les aider. Certains sont peut-être déjà en train de réfléchir aux façons dont les changements dans les attentes liées aux genres pourraient profiter aux hommes tant qu’aux femmes.

De jeunes hommes s’organisent contre le machisme en Équateur

En Équateur, pays d’Amérique du Sud, on attend des hommes qu’ils montrent leur masculinité en étant « macho » — agressif et sexuellement dominant — à la maison et en public. Mais les attitudes vis-à-vis de cette forme de masculinité dominante, appelée machisme, sont en train de changer grâce à une nouvelle génération de jeunes hommes, comme ceux qui ont formé l’organisation Casques roses. Habillés de tee-shirts roses, ces jeunes hommes travaillent à promouvoir de nouveaux comportements qui permettront de mettre fin à la violence contre les femmes, à l’inégalité entre les genres, et à l’exploitation sexuelle des femmes.

deux jeunes hommes portant des tee-shirts « Casques roses », dont un parle devant un micro.
Les Casques roses ont un programme de radio pour les jeunes, où les questions de sexualité, de violence basée sur le genre, et d’autres aspects de la vie des jeunes sont discutées ouvertement et de manière créative.

Les Casques roses ont été fondés en 2010 par un petit groupe de jeunes gens qui avaient suivi des séances de sensibilisation auprès de la branche équatorienne de l’organisation non gouvernementale « Action citoyenne pour la démocratie et le développement ». Ils y ont appris que le pouvoir détenu par les hommes empêchent les femmes de jouir des droits et des libertés qui leur sont dues, et traité des sujets comme la violence contre les femmes, ou les autres façons de montrer sa masculinité.

Depuis, les Casques roses ont progressé et comportent maintenant des jeunes femmes. Ils donnent des conférences et organisent des activités de sensibilisation dans les écoles, les centres communautaires et les lieux de rassemblement des jeunes, comme les festivals de musique. Ils savent que le changement ne s'opère pas rapidement. Ils veulent amener les gens à réaliser qu’eux-mêmes peuvent changer des choses dans leur vie personnelle qui permettront d’évoluer vers une société fondée sur l'égalité, les droits de la personne et la justice.

Le fondateur des Casques roses, Damián Valencia, décrit ce qui s'est passé dans sa propre maison depuis qu'il s'est mobilisé pour cette cause. «Tout a changé, dit-il, surtout mon père. Lui qui ne faisait jamais rien fait maintenant la vaisselle et parfois le repassage ! Ma mère est maintenant plus calme et plus heureuse, parce que son fardeau s’est allégé ». Beaucoup de jeunes rapportent avoir assisté à des changements semblables dans leur famille. La relation entre leurs parents s'est améliorée et il y a moins de violence dans leur foyer — tout le monde y a gagné.

HASIK: Le séminaire sur les genres, pour hommes

Aux Philippines, un groupe nommé HASIK a conçu un séminaire de 3 jours pour sensibiliser les hommes au problème de l’inégalité des genres. À travers son travail, HASIK avait réalisé que les gens (ainsi que les organisations et les communautés) étaient plus susceptibles de changer s’ils comprenaient en profondeur les conséquences de l’inégalité entre les hommes et les femmes, s’ils prenaient le problème à cœur, et s’ils entrevoyaient des moyens de changer les choses.

un homme parle.
Si vous voulez que les hommes changent, prenez-les par l’esprit, par le corps, et par le cœur.

Les hommes ne sont pas toujours conscients du fait que l’inégalité entre les genres désavantage tout le monde, et surtout ne réalisent pas à quel point les femmes en souffrent. Pour HASIK, il fallait que les hommes réussissent à percevoir cette souffrance et à comprendre le rôle qu’ils y jouent, sans leur reprocher leur ignorance du problème.

Au début, pour mettre les hommes à l’aise, les facilitateurs les laissent plaisanter, discuter, et exprimer leurs opinions sur les femmes sans les interrompre ou les contredire. Ils parlent aussi des rôles des hommes et des femmes (voir Les boîtes de genre). Comme les hommes ne se sentent pas jugés ou critiqués, ils sont plutôt ouverts et détendus.

Ensuite, les hommes assistent à un spectacle conçu pour les aider à comprendre les difficultés que vivent les femmes. «Entendre les voix des femmes, ressentir la douleur des femmes» mêle des chansons sur la vie et les relations des femmes, à des images, des clips vidéo, des histoires personnelles et des données, par exemple sur le nombre de femmes qui sont traitées injustement au travail, victimes de violence, et d’autres injustices en raison de leur statut inférieur. Certaines parties de la présentation invitent les hommes à réfléchir à la manière dont leurs propres actions et attitudes peuvent contribuer au problème. En général, beaucoup de participants se trouvent profondément bouleversés ou choqués par ces informations, et la discussion devient plus sérieuse.

Les facilitateurs de HASIK ont observé qu’à ce stade, les hommes se rendent mieux compte des obstacles rencontrés par les femmes, mais que certains ne comprennent pas ou ne se soucient pas vraiment de la question de l’inégalité des genres. Pour provoquer une meilleure prise de conscience, mais de manière récréative, HASIK a développé une activité compétitive à faire par équipe. Chaque équipe explique le mieux possible aux autres les causes de l'inégalité entre les genres. Pour marquer, les hommes doivent utiliser des arguments convaincants et se persuader mutuellement. Dans ce processus, davantage d'hommes se sentent personnellement concernés par le problème. L’activité Prendre position peut aussi permettre d’arriver au même but.

Sensibilisés, soucieux et compatissants vis-à-vis des femmes qui partagent leur vie, les hommes réfléchissent maintenant à ce qui pourrait se faire différemment. L’activité « Théâtre d’images » les expose à des moments quotidiens d’injustice ou de désespoir vécus par les femmes, et leur demande de trouver les moyens de transformer ces moments. En l’exécutant, les hommes sont amenés à penser à ce qu’ils pourraient changer eux-mêmes dans leur vie, leurs relations personnelles, et leur communauté. Les instructions pour cette activité sont données plus bas.

Le séminaire se termine par un rituel. Au calme, les hommes passent 15 minutes à réfléchir à la façon dont cette sensibilisation les affectera personnellement. Ensuite, chaque homme explique de quelle façon il va s'efforcer de respecter les droits de la femme dans ses relations avec une ou deux femmes de sa famille ou de sa communauté. Au bout de 3 jours d'écoute, d’argumentation, et d'activités créatives qui les ont obligés à penser autrement, cette réflexion conduit souvent à une transformation personnelle qui change les hommes en activistes prêts à se consacrer à l’amélioration de la vie et de la santé des femmes dans leurs communautés, et au respect de leurs droits.

Activité Théâtre d’images

Dans cette activité, il y a 3 groupes différents : les statues, les sculpteurs et le public. Les statues prennent des poses montrant les rôles ou les actions qui ont été discutés dans l'activité d'association libre, et montrent leurs sentiments par la façon dont elles se tiennent. Les sculpteurs peuvent faire bouger les statues, mais ne peuvent pas leur parler. Le public analyse ce qui se passe et suggère aux sculpteurs des moyens de changer la scène. L'utilisation d'accessoires et de costumes ajoutent à l'intérêt de cette activité.

  1. Choisissez plusieurs personnes qui seront des sculpteurs ou des statues. Aidez-les à choisir une scène où les personnages démontrent certains des rôles des genres dont le groupe a déjà discuté, comme une femme qui cuisine en surveillant les enfants pendant que son mari boit une bière, ou 2 jeunes femmes harcelées par des hommes plus âgés dans la rue, ou un homme en train de crier sur son amie, la main levée pour la frapper.
    une femme et un homme se font face sur une scène, et un membre du public fait un commentaire.
    Baisse le bras de l’homme.
  2. Demandez au public de raconter ce qu’il voit, puis laissez les sculpteurs changer les positions du corps des statues pour illustrer une situation ou une interaction plus favorable. Encouragez le public à s’exprimer davantage en lui demandant ce qui a changé, ce qui pourrait être encore amélioré, et invitez-les à intervenir pour rendre la scène encore plus satisfaisante.
  3. Au bout de ces 2 phases, engagez une discussion à propos de la scène. Comment celle-ci a-t-elle changé ? Les gens ont-ils vu des choses sur scène qui leur ont rappelé ce qui se passe dans leur propre vie ? Si c’est le cas, l’activité a-t-elle changé leur façon d’envisager leur propre comportement ? Quels changements un homme pourrait-il apporter à son comportement s’il se trouvait dans une situation semblable ?



Cette page a été mise à jour : 13 mars 2019