Qu’est-ce qu’un handicap ?

WikiSanté > Manuel de santé des femmes handicapées > Chapitre 1 : Le handicap et la communauté > Qu’est-ce qu’un handicap

Dans ce chapitre :

 

Dans ce chapitre :

De nombreuses femmes handicapées utilisent le terme "déficience" pour faire référence à leurs propres limites. Ces limites peuvent comprendre la cécité, la surdité, l’état physique qui peut rendre la mobilité ou la parole difficile, rendre la compréhension ou l’apprentissage plus difficile, ou encore peut provoquer des convulsions.

Une femme handicapée peut se déplacer, voir, entendre, ou apprendre ou comprendre de manière différente par rapport à une femme qui ne souffre pas de handicap. Elle peut faire des activités de la vie quotidienne de façon différente lorsqu’elle communique, mange, se lave, s’habille, se lève lorsqu’elle est couchée, et s’occupe de son bébé ou encore l’allaiter. L’adaptation à ses limites fait partie de sa vie au quotidien.

Notre mauvaise qualité de vie n’est pas due à notre handicap, mais par les réalités sociales. La solution ne se trouve pas à l’intérieur de nos corps.

Malgré la capacité de la femme à trouver des solutions aux problèmes causés par son handicap, elle est confrontée aux obstacles sociaux, physiques, culturels et économiques qui l’empêchent d’avoir accès à la santé, à l’éducation, à la formation professionnelle et à l’emploi.

Les attitudes créent les obstacles

Les attitudes et les fausses idées sur ce qu’ femme handicapée peut faire ou ne peut pas faire, peuvent l’empêcher de vivre une vie épanouie et saine, ou de prendre part à la vie de la communauté. Ils s’ajoutent à son handicap en créant des barrières qui l’empêchent d’avoir accès à l’éducation ou à l’emploi, et d’avoir une vie sociale.

De nombreuses femmes handicapées, se cachent. Nous ne sommes pas impliquées dans les activités de la communauté, parce que les autres pensent que nous sommes moins utiles et moins importantes que les femmes qui ne sont pas porteuse de handicap.

Par exemple, un enseignant peut penser qu’une fille ne peut pas apprendre parce qu’elle est aveugle ou sourde. Mais, la capacité d’une fille à voir ou à entendre n’est pas le problème. Une fille qui est aveugle peut apprendre en écoutant et en utilisant d’autres sens tels que l’odorat et le toucher. Elle peut même apprendre plus si elle possède des livres en Braille ou des informations sur les cassettes audio. Et une fille qui est sourde peut apprendre à travers le langage de signes et les méthodes d’apprentissage visuel.

Une femme qui ne peut pas marcher peut être capable d’avoir une très bonne carrière et être en mesure de gagner de l’argent pour soutenir sa famille. Mais si sa famille ou sa communauté ont honte de la façon dont elle se déplace et souhaitent qu’elle reste cachée, c’est ce sentiment de honte qui l’emmènera à se sentir handicapée.

Il existe des personnes handicapées dans toutes les communautés. Cela est normal. Mais, il n’est pas normal pour une personne d’être victime de discrimination et d’exclusion à cause de son handicap. Cela handicape cette personne d’avantage.

Nous allons nous occuper de nos handicaps, mais seulement si vous pouvez arrêter de provoquer la discrimination sociale à laquelle nous sommes confrontées.

Nous sommes peut être défavorisées par un handicap, mais nous sommes plus affectées par les limites imposées par les attitudes et les barrières sociales, culturelles, et environnementales à notre participation dans la société.

Nous prenons nos propres décisions concernant nos vies. Nous ne voulons pas accepter les soins ou la charité de façon passive.

Le handicap fait partie de la vie

Il y’aura toujours des personnes nées avec des handicaps. Et il y’aura toujours des accidents et des maladies. Mais, les gouvernements et les communautés peuvent travailler pour changer les causes sociales du handicap—les limites imposées aux personnes handicapées à cause des attitudes, et des barrières sociales, culturelles, économiques, et physiques à leur participation dans la société. La santé physique et mentale des femmes handicapées s’améliorera lorsque les communautés amélioreront l’accès, feront face aux préjugés, et créeront des opportunités d’emploi.

Des femmes souffrant de handicaps montrent la voie à suivre à Bangalore, en Inde

Dans la ville de Banglore au sud de l’Inde, 4 jeunes femmes handicapées physique--Shahina, Noori, Devaki et Chandramma—fabriquent et fixent des supports et des appareils de réadaptation. Elles travaillent à l’Atelier de Supports de Réadaptation par les Femmes Handicapées (RAWWD), qui a été créé en 1997 par 8 femmes handicapées qui ont été formées par une ONG nommée Mobility India pour fabriquer des supports de mobilité.

Bien qu’il existe d’autres équipements, seuls les techniciens étaient disponibles pour mesurer et fabriquer des supports, et les femmes handicapées hésitaient à aller vers eux jusqu’à ce que RAWWD fût créé. Elles étaient gênées de laisser les hommes prendre les mesures et fabriquer des supports pour elles. En raison de cela, de nombreuses femmes n’ont pas utilisé les supports qui pourraient leur permettre d’être mobiles.

RAWWD fabrique maintenant une variété de supports de réadaptation pour les chevilles, les pieds et les genoux. Nous avons des béquilles, des déambulateurs, des chaussures, des ceintures, des appareils orthopédiques et des prothèses (jambes et pieds artificiels).

Au fur et à mesure que femmes de RAWWD renforcent leur confiance et leurs compétences, elles fournissent des services à d’autres organisations travaillant avec des personnes handicapées, et maintenant elles fournissent aussi des services à plusieurs hôpitaux et médecins privés à Bangalore.

Les femmes obtiennent le matériel pour fabriquer les supports, tenir les registres de clients, organiser des visites de suivi, et gérer leur business. RAWWD encourage aussi les autres femmes handicapées à devenir des techniciennes et les forme à fabriquer des supports et des appareils de réadaptation. Cela fait la promotion des femmes handicapées , notamment les femmes qui ont été abandonnées par leurs familles, et leur permet aussi d’avoir des moyens de subsistance.

Ressources et opportunités

Avec plus de ressources, nous pouvons être vues et entendues, et avoir un contrôle sur notre propre santé.

Dans plusieurs communautés, les femmes ont très peu de ressources et d’opportunités par rapport aux hommes. Cette inégalité entre les hommes et les femmes est aussi réelle chez les personnes handicapées.

Les fauteuils roulants, les prothèses, les cours en langage de signe, les ardoises de Braille (qui permettent aux femmes aveugles de lire) et d’autres ressources sont souvent chers et moins disponibles pour les femmes handicapées par rapport aux hommes. Sans de tels supports, les filles et les femmes handicapées ont difficilement accès à l’éducation et ont des difficultés à faire les choses elles-mêmes. Par conséquent, elles sont moins en mesure d’obtenir des emplois, d’avoir un contrôle de leurs propres vies, et de prendre activement part à la vie de leurs communautés.

Barrières physiques

De nombreuses femmes handicapées ne peuvent pas utiliser les infrastructures, les banques, ou les hôpitaux parce que la plupart des immeubles n’ont pas de rampe, de rambarde, d’ascenseurs, etc. Les barrières physiques empêchent les femmes handicapées de se déplacer par elles-mêmes. Lorsque les femmes sont confrontées à ces barrières, elles ne sont pas parfois en mesure d’avoir une bonne alimentation, assez d’exercice, ou des soins de santé dont elles ont besoin.

De nombreuses personnes, y compris les agents de santé peuvent penser que si une femme qui utilise un fauteuil roulant ne peut pas entrer dans un immeuble à cause des escaliers, elle doit apprendre à porter des attelles, ou à utiliser des béquilles, ou avoir quelqu’un pour la porter. Ce n’est pas son handicap, mais plutôt la barrière physique qui l’empêche d’entrer dans l’immeuble. S’il y’avait une rampe pour qu’elle puisse rouler son fauteuil dans l’immeuble, il n’ y’aurai pas de problème.

Je suis une mère handicapée physique, et j’ai un fils qui est aussi porteur de handicap physique. A chaque fois que nous allons dans un restaurant ou un supermarché ou à n’importe quel endroit, nous sommes portés et déposés en bas des escaliers. Cela attire beaucoup d’attention. C’est réellement dégradant et nous fait nous sentir inférieurs.

Les femmes handicapées qui ont droit à la suppression des barrières sociales et physiques.

Les agents de développement viennent dans les villages avec leurs projets. Et ils y travaillent avec les femmes ; toutes les femmes. Et la femme handicapée... elle s’occupera d’une famille aussi. Ils mettront en place des projets d’eau qui ne sont pas accessibles aux femmes handicapées. Et celles-ci voudront aussi puiser de l’eau. Et ils ne pensent pas à tout cela.

— par une femme Zimbabwéenne participant à la 3e Conférence Mondiale sur les Femmes à Nairobi en 1985.

Cette page a été mise à jour : 29 janv. 2024